Comment vivre la nouvelle performance. Entretien avec Benjamin Rolff

1. La nouvelle performance est devenue un mot à la mode, que signifie-t-elle pour vous ?

Beaucoup de gens pensent que la le phénomène de Nouvelle Performance est synonyme de haute performance ou de "plus haut, plus vite, plus loin". Pour moi, il s'agit plutôt d'utiliser les possibilités offertes par l'évolution du monde du travail pour non seulement travailler différemment, mais aussi d'une meilleure manière. En fin de compte, nous devrions être en mesure de travailler d'une manière plus saine, plus durable et plus significative. Cela peut se faire grâce à une flexibilité accrue, que ce soit en termes de lieu, de temps ou, dans une certaine mesure, de contenu.

Pour moi, un autre aspect du nouveau travail et de la nouvelle performance est le but final. Il s'agit de se demander dans quel but et pourquoi ? - Quelle est ma motivation intérieure me poussant à faire mon travail chaque jour ? Et pour quoi faisons-nous cet entretien, par exemple ? Du pourquoi naît une motivation durable, qui est pour moi la base de la nouvelle performance.

En bref : La nouvelle performance est une vision saine et durable de la performance, rendue possible par les changements intervenus dans le monde du travail.

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2. En tant que coach, vous aidez les gens à mettre en place des manières de penser, comment puis-je commencer ?

C'est une question importante, car la "Nouvelle Performance" commence toujours par les personnes elle-même. Chacun doit d'abord réfléchir à ses propres besoins, à ses propres performances et à sa propre façon de travailler. Comme je l'ai dit, la finalité propre de chacun joue un rôle particulièrement important : Qu'est-ce qui me motive au travail, qu'est-ce qui m'anime ? Quelles sont les compétences et les passions auxquelles je veux donner plus de place ? Et quels sont les moments où je travaille dans le flux ou apporte de superbes contributions, quand c'est plutôt le contraire ? 

Il en va de même pour la santé : quand suis-je mentalement au meilleur de ma forme ? Est-ce que je préfère avoir mes moments de calme et travailler à la maison ou est-ce que l'aspect social me manque ? Est-ce que je peux me déconnecter en mode remote depuis la maison ou est-ce que je fais souvent des heures supplémentaires sans le vouloir ? Est-ce que je me sens dépassé par les changements constants d'un modèle de travail hybride ?

Ceux qui sont capables d'identifier leurs propres besoins et de trouver de bonnes façons de les gérer travailleront plus sainement et trouveront leur rythme plus rapidement. Dans le meilleur des cas, ces besoins et ces moyens sont communautarisés, que ce soit dans une équipe ou dans une entreprise. Car New Performance ne signifie pas être égoïste, mais dans l'équipe, chacun doit s'ouvrir pour trouver des solutions adaptées. Il convient d'examiner quels modèles de travail sont possibles pour tous et comment les concepts peuvent être adaptés à cette fin.

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3. Que peuvent faire les entreprises afin de promouvoir la finalité et une nouvelle culture de la performance ?

Tout d'abord, il est important que les entreprises fassent confiance à leurs employés et leur donnent un espace pour exprimer ouvertement leurs besoins. En fin de compte, cependant, il s'agit de trouver des solutions transparentes et collectives qui font avancer l'équipe dans son ensemble. Pour ce faire, les managers en particulier doivent lancer des invitations et fournir des formats permettant aux employés d'exprimer leurs propres préoccupations et besoins. Cette démarche vise à promouvoir la culture d'entreprise ; les employés peuvent profiter de cette offre, mais ils n'y sont pas obligés, car ces questions sont aussi personnelles. Un échange ouvert de discussions peut également être l'occasion de renforcer la culture de la confiance et de la performance à long terme. 

La deuxième étape est le sérieux, ce qui signifie non seulement parler mais aussi agir. Après avoir identifié la situation actuelle et les besoins, il convient de mettre en œuvre rapidement des modèles de solution, puis d'agir. Par exemple, les rituels peuvent être modifiés, comme l'introduction d'un mercredi sans réunion pour un travail plus ciblé ou des réunions régulières sur un sujet spécifique. Mais l'adaptation du modèle de travail hybride relève également de ce domaine. Ce que je trouve important à ce stade, c'est qu'il ne s'agit pas de trouver une solution pour toujours. Il s'agit plutôt d'expérimenter et de réfléchir de manière itérative pour trouver des moyens d'atteindre une performance durable.

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4. Vous avez parlé de ce sujet avec de nombreuses entreprises allemandes. Quel est le statu quo en Allemagne ?

Je considère toujours que la situation est très hétérogène. De nombreuses entreprises travaillaient déjà de manière numérique et flexible avant la pandémie, notamment de nombreuses entreprises de services telles que les sociétés de conseil ou les organisations axées sur la vente.

Mais il existe aussi de nombreuses entreprises qui fonctionnent de manière traditionnelle, où la majorité des employés travaillent depuis le siège social. De nombreuses entreprises manufacturières entrent dans cette catégorie, où les différences de culture d'entreprise deviennent évidentes à l'heure actuelle. Pour certaines d'entre elles, la question de la liberté de travail se posait avant même la pandémie ; ces entreprises envisageaient déjà des méthodes de travail modernes auparavant. Aujourd'hui, d'autres entreprises veulent revenir à la normale le plus rapidement possible et faire revenir leurs employés au bureau. Il s'agit souvent d'un manque de confiance, mais aussi de l'obligation de rendre possible un bon travail flexible.

Enfin, il existe bien sûr de nombreux groupements plus petits suivant leur propre voie. Néanmoins, ces grandes tendances peuvent également être observées en Allemagne. 

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5. Une petite projection dans les sujets : Le suivi des performances est un sujet important pour de nombreuses entreprises. Beaucoup d'entreprises craignent en effet que la performance de leurs employés puisse diminuer avec un "home office" à long terme. Comment la nouvelles performances traite-t-elle le suivi des performances ? 

Pour mesurer la performance au travail, il faudrait d'abord définir exactement ce que signifie la performance. Dans le travail de la connaissance en particulier, le concept de performance devient de plus en plus complexe, notamment de part le fait que les frontières entre vie professionnelle et vie privée sont de plus en plus floues. Le temps et la présence ont moins de sens dans le nouveau monde du travail. Nous le savons probablement très bien dans notre propre vie quotidienne : de nombreuses idées ne naissent pas seulement sur notre bureau entre 9 heures et 17 heures, mais aussi lorsque nous ne sommes pas assis devant un ordinateur, que ce soit sous la douche, dans le parc pendant la pause déjeuner, ou après le travail lors d'une conversation avec un ami. Il n'est plus possible de situer la performance dans le temps et dans l'espace : où et quand commence-t-elle et où finit-elle ?

Mais ce qui reste un aspect très important de la gestion efficace des performances, ce sont les objectifs collaboratifs. De nombreuses équipes utilisent la méthode des OKR, ou objectifs et résultats clés. Cela peut être un outil vraiment utile pour rendre les objectifs transparents et mesurables et aussi pour illustrer la contribution de chaque membre de l'équipe. Néanmoins, il reste très complexe de mesurer et d'évaluer les performances de chaque individu dans une perspective globale.

Je pense donc peu à l'évaluation classique des performances, mais beaucoup plus au développement des performances. Les entretiens de croissance individuelle, le développement des performances, le coaching, etc. ont donc plus de sens. En tant que manager, je dois découvrir quel type de personne est assis en face de moi, ce que cette personne veut, comment je peux l'aider pour qu'elle puisse développer tout son potentiel.

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6. La performance est également une question importante en triathlon. Voyez-vous des parallèles entre le sport et la Nouvelle Performance ? Si oui, lesquels ?

Exactement, je suis moi-même un triathlète enthousiaste et j'ai pu apprendre des athlètes de compétition, des stratégies pourtant très utiles pour le monde du travail, mais qui n'y sont pas encore arrivées, et de loin. 

Les athlètes de compétition ne peuvent pas se permettre de mettre en péril leurs propres performances et leur santé. Une part importante de la carrière d'un athlète consiste à prendre soin de soi, à se régénérer et à récupérer. Par conséquent, l'entraînement est contrôlé et ciblé, parfois intensif mais aussi très régénérateur. Dans le monde du travail, cependant, j'observe exactement le contraire. Nous traitons nos performances de manière non ciblée et non structurée. On attend des employés qu'ils se donnent à fond sans interruption jusqu'à ce qu'ils soient tellement épuisés qu'ils ont tout simplement besoin de plus de repos. C'est exactement la raison pour laquelle les chiffres du stress psychologique, des burnouts ou des dépressions sont en hausse. Si un athlète de compétition agissait ainsi, sa carrière serait probablement terminée en quelques années.

Nous devons donc faire en sorte que nos performances soient durables et c'est exactement ce que m'apprend le triathlon. Si je m'entraîne trop, mon corps me le montrera assez rapidement. Dans cette optique, nous devons commencer à considérer la vie professionnelle comme un sport d'endurance plutôt que comme un sprint !

Merci beaucoup pour cette excellente interview, Benjamin ! Si vous voulez en savoir plus sur la Nouvelle Performance, vous pouvez vous rendre sur le blog de Benjamin ou sur LinkedIn et obtenir encore plus de matière à réflexion ! Vous pouvez également écouter ses histoires fascinantes sur son podcast New Performance Spotify et Apple.